Festival de Saintes s’ouvre au service civique international

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Pour cette 47e édition, le Festival de Saintes inaugure un nouveau programme à l’échelle internationale : l’accueil du bénévole togolais Ben Ketor en mission de service civique international durant 6 mois. Vincent Soccodato, chargé de mission Europe à l’Abbaye aux Dames et tuteur de Ben nous a présenté les grandes lignes du projet : « C’est la première année qu’il est mis en place, 2018 sera une année test. On a le plaisir d’accueillir depuis le début du mois de février Ben Ketor, jeune togolais de 24 ans qui m’a accompagné sur mes missions depuis son arrivée ».

Ce projet est en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et l’association France Volontaires qui travaille avec leurs homologues dans les pays africains et sud-américains. « France volontaire Togo a reçu près de 300 candidatures et a ainsi réalisé une présélection. Finalement, nous avons sélectionné 3 candidats, dont Ben. Au-delà du festival, ce projet contribue au rayonnement de l’Abbaye aux Dames et marque un geste de solidarité avec le Togo. L’enjeu du programme est de travailler sur une coopération en réciprocité, pour chaque jeune français qui part à l’étranger qu’il puisse accueillir un jeune étranger en France ». La réciprocité est le mot clé du projet qui permet également aux bénévoles français de découvrir le Togo, sa culture, son histoire.

Ben Ketor n’est pas le bénévole lambda, il coordonne deux associations humanitaires au Togo. Vincent Soccodato évoque son ressenti global sur le jeune togolais : « Ben est très ouvert et accessible. Il est parti à la rencontre de jeunes de la région autour de Saintes pour présenter les activités de l’Abbaye aux Dames. Son intégration dans l’équipe s’est faite sans accroches, seul petit bémol il n’a pas du tout l’habitude du climat de la Charente. Quand il est arrivé à Saintes en février, il a découvert la neige ».

Pour les prochaines années, la mission locale de Saintes a proposé de nouvelles possibilités d’accueil de service civique, peut-être avec le Niger et le Québec. « On verra dans les prochaines semaines comment développer le projet », conclut Vincent.

Nous avons interrogé le principal intéressé : Ben Ketor.

Qui vous a contacté ?

Dans un premier temps, j’ai réalisé mon service civique. C’est un programme qui a été mis en place par l’association France volontaire, le programme a pour but de faire venir des Africains en France afin qu’ils bénéficient du partage culturel, de travailler dans le domaine de la solidarité. J’avais postulé pour le projet de l’abbaye aux Dames et on m’a retenu, parce que je suis dans le domaine de la musique. C’est pour cette raison que j’ai atterri ici. Ça fait bientôt 6 mois que je suis en France, je suis en fin de mission.

En quoi consiste votre travail au Festival ?

Mon travail à l’origine était basé sur les projets Erasmus +, formation des adultes. J’ai dû organiser plusieurs voyages en Allemagne et en Belgique. Le but était de permettre à des associations françaises, de la région, de bénéficier de l’expérience d’autres structures à l’échelle européenne qui ont les mêmes objectifs qu’eux. Après s’est ajouté le festival de Saintes, normalement je devais débuter plus tôt mon service civique. On a décalé les dates pour que je puisse venir au festival. Sur le festival, je travaille à la restauration et je m’occupe de l’accueil du public.

Avez-vous suivi une formation, un stage avant la mission ?

Au Togo, il y a une différence culturelle importante, le français peut être aussi une barrière. J’ai la chance de parler couramment français. On a eu une formation sur la vie associative, la vie en communauté. Une fois arrivé, on a eu une formation de 3 jours, pour assimiler les différences culturelles. En arrivant à Saintes, j’ai eu une formation au niveau de la gestion événementielle et de projet.

Avez-vous un tuteur, accompagnateur ?

Dans la ville Saintes, j’ai une tutrice qui travaille à la mission locale de Saintes. À l’abbaye, je suis accompagné par Vincent qui suit mon travail durant mon séjour. Je me réfère à ces deux tuteurs lorsque j’ai un souci, ou lorsque je ne comprends pas certaines choses.

Pour quelles raisons avez-vous décidé de partir ?

J’ai créé une association au Togo Jaimesud, qui aujourd’hui est dans plusieurs pays comme le Bénin. En ce moment, nous cherchons à entrer au Cap Vert. J’accueille des bénévoles du monde entier surtout français et allemand. Au début, on accueillait seulement quelques personnes, mais aujourd’hui on en accueille jusqu’à 15 par mois. Je ne comprenais pas pourquoi les gens étaient motivés par cette dynamique de partir dans un pays inconnu, du coup je me suis lancé dans ce travail et j’ai créé cette association. Par la suite, je suis tombé sur l’annonce de France Volontaire en partenariat avec l’agence nationale de volontariat au Togo. J’ai eu la chance d’être retenu.

Vous avez parlé précédemment de musique, quel style de musique écoutez-vous ?

Plutôt quelle musique je fais, car j’ai monté un groupe de musique au Togo. Tous les vendredis nous jouons en concert. La musique classique n’est pas une musique qu’on connait en Afrique, les instruments n’existent pas au Togo. Les styles que nous jouons sont très variés : surtout du reggae, rap et RnB. C’est un groupe qui touche un peu à tout.

Quel rôle avez-vous dans le groupe ?

Le plus souvent je chante, je joue également de la batterie et des percussions de manière plus générale, notamment du djembé. J’ai fait des concerts en France, à Quimper et à Angers. J’adore la musique.

Pour finir, quelle a été votre première réaction quand vous êtes arrivé sur le site de l’abbaye ?

Lorsque j’ai postulé, j’étais très curieux de savoir dans quel lieu j’allais travailler. J’ai été dans un premier temps surpris par la grandeur de la ville de Saintes. Moi qui habite à Lomé (capitale), ça m’a fait un choc de venir dans cette petite ville. Une fois arrivé à l’abbaye, j’ai été marqué par l’ancienneté des bâtiments. J’ai vraiment une chance incroyable de travailler dans ce cadre historique avec des gens de diverses nationalités.

Lucas Berard