François Joubert-Caillet-©Jean-Baptiste Millot

François Joubert-Caillet, gambiste jusqu’aux coudes

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Un jour, une histoire et quelques mots

Qui ?

Je suis François Joubert-Caillet, je suis violiste et j’ai fondé mon ensemble, l’Achéron en 2009. Mais j’ai aussi des projets solo.

Depuis quand ?

J’ai commencé la musique à l’âge de 4 ans. Mon père était musicien, il m’a fait commencé la flûte a bec, ensuite le piano et c’est vraiment plus tard que je me suis rendu compte que je voulais en faire mon métier. J’en avais toujours fait dans mon village, mais je voulais franchir le pas. Même le solfège qui est toujours très rébarbatif était un bon moment, j’avais une prof qui était toujours très sympa, une bande de pote et j’ai appris le solfège sans m’en rendre compte en fait. La musique a toujours fait partie de ma vie et cela a toujours été très facile. Avant l’Acheron j’ai joué dans quelques ensembles, La Chapelle Rhénane, Les Talents Lyriques, la Cappella Mediterranea… mais après tout ça j’en ai eu un peu marre de jouer pour les autres, j’avais envie de faire mon projet et d’être plus indépendant.

L’Achéron

J’ai monté mon ensemble l’Achéron en 2009 et on est principalement un consort de violes de gambe. Notre spécialité est ce répertoire-là, avant le quatuor a cordes. Nous sommes très intéressés par les rencontres Orient-Occident comme l’histoire de l’orgue envoyé par Elizabeth 1re au Sultan Mehmet III a la fin du XVIe siècle pour renforcer les liens entre l’Angleterre et l’Empire ottoman et nous avons trouvé bonne l’idée de mettre cette histoire et cette rencontre en chanson.

J’ai créé cette composition sans vraiment y croire, je ne pensais pas que c’était un répertoire qui pouvait intéresser et puis en faites le public a tout de suite accroché et nous avons fait notre premier disque qui a eu un grand succès. Nous avons enchaîné les concerts et finalement je me suis concentré sur cet ensemble, c’était une grande liberté pour moi et j’avoue ne pas regretter d’être devenu indépendant. C’est mon bébé donc c’est forcement plus enrichissant et excitant.

Le projet colossal des 600 pièces de Marin Marais

C’est un projet qui m’a été « commandé » par mon label et ils m’ont proposé d’enregistrer l’intégrale des pièces de viole de Marin Marais, ce qui représente environ 600 pièces soit environ une vingtaine de disques. J’ai démarré cette composition en 2014 et voilà il y a un premier disque d’anthologie qui est sorti en 2016, « Pièces favorites » et puis le premier livre sur 5, cette année, en 2017. Il a été très bien accueilli par la critique, il a reçu un Diapason d’Or et un Choc de Classica.

C’était très encourageant et puis c’est un projet spécial, car faire une pièce cela peut aller, mais l’intégralité c’est un projet titanesque, un gros challenge. Marin Marais est un compositeur que l’on croit connaître, mais quand on fait un projet comme celui-là on découvre son univers et on se rend compte qu’on ne connait qu’une petite partie de lui.

La viole de gambe

La viole de gambe est une grande famille d’instrument, ils y en a des petites et des grandes, des graves et des aiguës. C’est comme demander pourquoi avoir choisi telle femme ou tel homme. Quand on tombe amoureux, on ne choisit pas… J’ai joué de plein d’instruments. Au début je n’ai pas accroché avec la viole, cela n’a pas été le coup de foudre et puis finalement c’est venu progressivement.  Ma prof de musique m’a vraiment ouvert les yeux et maintenant je ne changerai pas d’instrument. C’est un instrument très varié parce qu’il y a plein de cordes, un archer, le jeu des poignées comme sur une guitare et tout cela donne plein de possibilités.

Et dans 10 ans ?

Je pense continuer a faire de la musique, je ne sais pas si je serais tout le temps sur les routes, faire beaucoup de concert comme actuellement. Il y a beaucoup de choses qui m’intéressent, donc nous verrons. Je suis basé à Nancy, en Lorraine, je trouve intéressant l’idée de bien s’investir sur un territoire, d’essayer de transmettre notre pratique et pas uniquement lors des festivals où les spectateurs connaissent déjà la musique baroque. Je préfère allez à la rencontre d’un public qui ne sait pas qu’il aime la musique baroque. C’est un travail pédagogique, ça fait partie de notre patrimoine et je pense sincèrement que tout le monde peut aimer. L’avenir nous le dira !

Propos recueillis par Aurélien Sicard