20 juillet 2019 - écrit par Jean de la Roche

Adam Laloum :  « enfant, j’étais bien tout seul avec mon piano »

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Jeune et réservé, Adam Laloum est un pianiste de 32 ans originaire de Toulouse. De retour cette année au Festival de Saintes pour la 4ème fois et à donné un concert mercredi 17 juillet dans l’Abbatiale de l’Abbaye aux Dames.

Adam Laloum a commencé la musique dans une petite école en banlieue Toulousaine, puis est rentré au Conservatoire de Toulouse. Et c’est vers ses 15 ans qu’il est parti à Paris poursuivre ses études au Conservatoire national supérieur. C’est dans ce conservatoire et plus particulièrement en classe que le pianiste a rencontré Michel Béroff, pianiste et chef d’orchestre expérimenté, qui fera découvrir des artistes comme Debussy, Messiaen ou encore Bartók au jeune musicien. « Ce ne sont pas des musiques que je joue très souvent mais que j’ai découvert et que j’aime grâce à lui ». En 2017, Adam Laloum a remporté la Victoire de la musique classique, catégorie soliste instrumental. Le pianiste est « très flatté » bien qu’il s’agisse d’un « système tout à fait critiquable ». Il est vrai que « passer à la télé ça ouvre des portes. Généralement les gens, les organisateurs fonctionnent comme ça, mais c’est vrai que j’ai eu cette opportunité et que je ne l’ai pas refusé ».

Enfance et découverte de la musique

Le musicien a découvert la musique à l’âge de 7 ans en commençant d’abord par la flûte à bec, puis le violon. Il a découvert le piano car « il y en avait à la maison » mais c’était son frère aîné qui en jouait. « Au début, mes parents tenaient absolument que je ne fasse pas le même instrument que mon frère et je m’étais collé à leur décision mais bon au final je me suis aperçu que c’était vraiment ça que j’avais envie de faire ». Lorsqu’il était jeune, Adam avait plusieurs centres d’intérêts tels que le sport et le dessin mais c’est au collège que le piano est « devenu très prenant, entre 12 et 15 ans ». « Je me suis presque peut-être un peu enfermé, mais j’étais bien tout seul avec mon piano ». Cet instrument a pris une place importante dans la vie du pianiste qui en est devenu intensément passionné.

« Je faisais une ou deux heures de piano le soir et puis parfois le matin avant d’aller à l’école ». Avec les autres adolescents de son âge, le musicien affirme « j’en parlais pas trop trop autour de moi parce que c’était pas du tout les musiques qui étaient à la mode à l’époque. C’est pas que j’avais honte, mais j’osais pas trop dire que moi ça me passionnait pas trop d’écouter Aqua [groupe devenu célèbre dans les années 90 grâce au tube « Barbie Girl »], et que je préférais d’autres styles de musiques ». « C’était ma petite vie à moi ».

La vie d’artiste mais pas que

Pour Adam Laloum, les compositeurs sont « des sources inépuisables d’inspiration ». Mais aussi, et cela paraît évident, des pianistes « vivants et d’autres moins vivants » l’ont marqué tel que Dinu Lipatti, Alphred Cortot et Sviatoslav Richter. Le pianiste est aussi attaché à Radu Lupu, Martha Argerich et Daniil Trifonov. Une des sources d’inspiration qui a été marquante dans sa « construction personnelle » ainsi que sa « façon d’aborder la musique » est la lecture de La Formation de l’acteur de Constantin Stanislavski, que le pianiste décrit comme « une sorte de Bible ». Ce livre traite du jeu d’acteur de théâtre et « c’est quelque chose de tellement vrai pour les musiciens ». Ces métiers sont « deux métiers quand même très similaires » et « c’est très proche comme façon de penser ». « On rend vivant un écrit, quelque chose d’a priori de mort. Un papier à musique sans personne qui le joue ou alors une pièce de théâtre juste sous forme de livre, ça n’a pas de vie ».

« Varié, infini, indéscriptible, très intense et fort », voilà comment Adam Laloum décrit en quelque mots ce qu’il ressent lorsqu’il joue du piano. Pour lui, ce sont « plein de choses qui n’ont pas de mots » et « justement c’est ce monde abstrait qui plaît » à l’artiste. « C’est la magie de la musique ». Avant de monter sur scène, contrairement à d’autres musiciens , le pianiste n’a pas particulièrement d’habitudes et « essaye justement de ne pas en avoir ».

Adolescent, il avait tendance a être « un peu superstitieux » et ça le « rendait très malheureux et fou ». « Je me mettais moi même dans des situations d’échec en me disant que ça allait pas marcher parce que je l’avais décidé ». Le musicien « essaye vraiment de se détacher de ça et de laisser un maximum de place à l’instant présent ». Mais aussi, Adam conseil aux personnes qui aimerait vivre de leur passion mais qui manque d’assurance que « ce qui permet de surmonter ce genre de problèmes de confiance en soi, c’est de se dire que rien n’est définitif, que ce n’est pas comme ça pour l’éternité ». Il faut « rester ouvert au présent, à son corps et à ses oreilles pour avancer ».

Ce jeune pianiste très talentueux, en apparence introverti, se dévoile lors de ses concerts et est dans la vie très ouvert. « C’est un vrai bonheur de venir jouer ici. Je m’attache beaucoup à ce lieu et évidement à tous les gens que je recroise, c’est vraiment super ».

Inès