Ils chantent le plus souvent a cappella et remettent à jour l’art vocal médiéval

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Samedi 14 juillet, le festival de Saintes a accueilli l’ensemble de musique ancienne et collectif d’artistes originaire de Flandre : Graindelavoix. Nous avons réalisé une entrevue avec le responsable et administrateur de l’ensemble, Willem âgé de 27 ans : « Cela fait 6 ans que je travaille pour l’ensemble. J’ai commencé ma carrière en tant que volontaire au festival de Saintes en 2011 et suivi une formation à Londres par la suite. Je travaille depuis avec l’ensemble. Nous sommes actuellement en résidence à la Fondation Royaumont depuis 2015, où nous présentons nos créations ».

Le nom Graindelavoix provient d’un essai du philosophe français Roland Barthes, une œuvre qui analyse le grain de la voix sous toutes ses formes. Björn Schmelzer, directeur et créateur du groupe, a décidé de le nommer ainsi en 2000. Il est aussi anthropologue et spécialiste de musique ancienne. « Nous revenons au festival régulièrement, une fois tous les 2 ans en variant au maximum le choix des compositeurs et le répertoire allant de la période médiévale à la Renaissance. Nous jouons également des œuvres du XIVe et XVe siècle », souligne le chargé de production.

La disposition de l’ensemble varie en fonction du programme, par exemple pour des œuvres de la Renaissance ou médiévale le groupe sera restreint. Tous les chanteurs ont un poste fixe, mais le répertoire peut faire varier la composition de l’ensemble. «Nous réalisons des programmes à partir du XIIIe siècle. Nous avons notamment enregistré en 2004 des œuvres du compositeur franco-flamand Johannes Ockeghem.»

L’ensemble est composé, pour cette soirée du 14 juillet, de neuf voix dont huit masculines sans instrumentistes. « Le programme s’oriente autour de la personne de Jean Hanelle, musique de Chypre du XIVe siècle avec des influences grecques et byzantines. Le chant de l’œuvre de Jean Hanelle sera entrecoupé par des chants maronites et byzantins ».

Le choix du programme n’est pas exclusivement proposé par le chef Björn Schmelzer, mais également par les chanteurs. « Le chanteur Adrian Sirbu qui vient de Roumanie, et Razek-François Bitar qui est syrien, apportent des influences dans le groupe, notamment pour le répertoire de ce soir ». En effet durant le concert, certains passages sont dirigés par le chanteur syrien alors que le chef se positionne en tant qu’observateur. Les vêpres chypriotes laissent percevoir des voix de solistes qui s’avancent sur le devant de la scène. Les nombreux déplacements des artistes sont une des particularités du concert : pendant le récital d’un chant byzantin, un chanteur se dirige vers la sortie de l’abbatiale et se met face à la scène. Ainsi, un dialogue vocal se crée d’un bout à l’autre de la salle permettant d’immerger l’auditeur dans la musique.

Finalement, le groupe interprète les œuvres de manière ancienne, c’est-à-dire avec les pratiques de l’époque au niveau de l’ornementation notamment. « Les chanteurs provenant du monde entier proposent leur propre interprétation en s’inspirant de leur savoir-faire », conclue Willem. L’ensemble concentre un mélange d’influences, allant de l’Espagne jusqu’en Syrie, en passant par l’Estonie.

Chaque concert et enregistrement de l’ensemble Graindelavoix proposent une interprétation moderne de la musique ancienne.

Photographie : Koen Broos