L’Academia de los afectos, un quatuor dans la brise

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Expressivité, rebondissement, vivacité. Rencontre avec un quatuor à vents pour le moins singulier !

Au mur, les couleurs du tableau Golfe et île de Capri de Johann Rudolf Bülhmann attirent l’œil. Le ton rosé du coucher de soleil sur la crique entraîne le spectateur dans un univers onirique. C’est alors que s’élèvent les premières notes dans la salle de peinture du musée Hèbre de St-Clément à Rochefort. Après une visite guidée du musée, les spectateurs du festival de Saintes apprécient un moment musical qui débute avec fougue : les musiciens espagnols du quatuor à vents Academia de los afectos s’embarquent dans le 4ème quatuor à vents de Gioacchino Rossini (écrit en trois jours !). Entre eux, une connexion est notable : les échanges de regard sont fréquents et l’écoute de l’autre, omniprésente.

C’est au conservatoire de Santa Cruz de Tenerife (Canaries) que se rencontrent Pablo Sosa del Rosario, flûtiste, Alejandro Fariña Martín, clarinettiste, Ricardo Rodríguez García, corniste et Hugo Rodríguez Arteaga, bassoniste. Le courant passe aussitôt. C’est en découvrant le compositeur et flûtiste français Eugène Walckiers que germe en eux l’idée d’un quatuor à vents. Véritable successeur de Rossini, Walckiers affiche sa connaissance des instruments à vents avec l’opus 48 n°4, pièce entraînante et rayonnante.

Les instruments sont mis en lumière les uns après les autres et les sourires sur les visages des quatre amis sont le signe d’une complicité évidente. Bien différents des instruments modernes, les instruments du XVIII-XIXème siècle ont une sonorité plus colorée, au-delà du son : « Cette musique est plus flexible, le moderne est beaucoup plus homogène, plus ‘parfait’, la possibilité de créer est moindre », ajoute le flûtiste Pablo Sosa del Rosario. Hugo Rodríguez Arteaga précise qu’à l’époque, il n’y avait quasiment rien sur les partitions, ce qui laissait une place plus grande à l’improvisation. Le quatuor aime « laisser une partie pour le direct, s’écouter et réagir en fonction. » Aucun de leurs concerts n’est identique. Une liberté qui représente également un risque mais c’est avec le sourire que les interprètes parlent de ces après-concerts où l’ensemble tire ses conclusions : ne pas refaire ceci, oublier cela.

La proposition du festival est intéressante : permettre au spectateur de s’ouvrir au patrimoine qui l’entoure. Le concert se clôt sous de sincères applaudissements. Les compliments sont nombreux, le quatuor Academia de los Afectos a interprété les œuvres avec brio et a rendu sa lumière au soleil couchant.

Marie