16 July 2019 - écrit par Jean de la Roche

Lucile Richardot, un rayonnant mélange entre « le cœur et l’esprit »

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Lucile Richardot, présente dimanche 14 juillet au festival avec le Het Collectief, revient sur son parcours. Une mezzo-soprano heureuse dans sa voie.

« Même quand il pleut, il faut toujours penser au soleil pour éclairer sa journée et son interprétation musicale ». La bonne humeur véhiculée par son large sourire et la persévérance dont fait preuve Lucile Richardot sont comparables aux nuages gris en Normandie, ils ne se quittent jamais. Il suffit de regarder son parcours pour comprendre que la mezzo-soprano se donne les moyens de réussir, tout en prenant plaisir à le faire. Vosgienne d’origine, elle baigne dès son plus jeune âge dans un environnement musical influencé par des parents mélomanes. « J’ai l’impression, dit-elle, d’avoir toujours chanté sur la radio ou à la messe. »

C’est en intégrant les Petits chanteurs à la croix de Lorraine qu’elle goûte à la vie de chanteuse et tombe amoureuse de la liberté qu’elle implique. Elle s’essaie au solfège mais le quitte rapidement. Trop scolaire. « Je trouvais ça important à l’époque de pas avoir l’impression de me retrouver en classe à nouveau ». C’est dans ce chœur d’enfants, éloigné des cours et examens, que Lucile s’épanouit dans le chant. « C’était comme une colonie de vacances, des vacances avec pour seul but le concert final ».

« Dans sa première vie », comme elle la qualifie, elle couche sa voix sur le papier et devient journaliste. Ce métier, elle en rêvait depuis longtemps et poursuit en parallèle le chant. Après cinq années, le journalisme ne répond plus à ses envies. Fidèle à sa passion, elle décide de franchir le pas et d’embrasser une carrière professionnelle. « Je suis contente d’avoir fait ce parcours, mais je suis aussi contente de m’être dite ‘j’ai 27 ans, il faut que je me décide à me lancer dans le chant’. C’est une question de volonté personnelle, se dire ‘j’arrête tout et je fais autre chose’, mais aussi une histoire de chance quand on trouve la bonne structure ». En l’occurrence auprès de la maîtrise de Notre Dame de Paris où elle bénéficiera d’une bourse lui permettant de se concentrer à plein temps à sa passion. Elle en sort diplômée en 2008. Trois ans plus tard, elle est également diplômée de la classe de musique ancienne au CRR (Conservatoire à rayonnement régional).

« Je continue à faire mon loisir tout en étant payée ! ». Pour la mezzo-soprano, la météo s’avère clémente, elle vit désormais de sa passion et enchaîne les représentations. Travailler en équipe et avec des personnes qu’elle apprécie est pour elle un élément important. « Il faut travailler avec les meilleurs et nos amis ne sont pas toujours les meilleurs! » dit-elle en rigolant. Pour Lucile, l’équilibre se situe entre « le cœur et l’esprit », condition pour s’épanouir professionnellement et réaliser au maximum ses envies.

Lucile Richardot aime rencontrer de nouvelles personnes, une occasion pour elle d’explorer de nouveaux horizons. « On croise des personnes avec qui il y a des évidences, on se demande pourquoi on ne s’est pas rencontrés plus tôt. Merci la musique ! ». Là où certains ressentent une instabilité, la mezzo-soprano aime cet aspect du métier : « Il y a du bon dans l’intermittence du spectacle, on change tout le temps de collègues, on se remet tout le temps en question et on ne se repose pas sur ses lauriers ». L’équilibre est précaire et elle reste consciente des orages qui peuvent frapper, surtout au niveau de la santé. « On ne dirait pas comme ça, mais c’est assez physique, il suffit qu’il y ait un grain de sable dans le rouage pour que cela ne fonctionne plus ». Lucile Richardot saura rebondir, c’est sûr, elle prévoit « d’autres cordes à son arc ».

Se reconvertir, puisque la question se posera probablement un jour, ne l’effraie pas. Déjà fait. Contrairement à nombre de ses collègues qui se tournent vers l’enseignement, elle « aurait trop peur de détruire les voix, de donner de mauvais conseils aux gens ». Journaliste, pour revenir à ses premières amours, dans la musique classique pour y rester, lui semble une évidence. Mais ce que sera demain importe peu pour la chanteuse lyrique, car ce qui est certain, c’est que de beaux l’attendent encore, loin du ciel gris.

Thomas