Reinoud Van Mechelen, depuis la nuit des temps

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A l’occasion d’un concert donné vendredi à l’abbatiale, “Une sérénade burlesque” de Clérembault et ses contemporains nous avons rencontré Reinoud Van Mechelen, fondateur de l’ensemble A Nocte Temporis. C’est la deuxième fois qu’ils se produisent à l’Abbaye aux Dames. Reinoud Van Mechelen, ténor, Ana Besson, à la flûte traversière, Benjamin Alard, organiste, claveciniste et clavicordiste et Ronan Kernoa, le violoncelliste, étaient présents pour leur représentation à l’Abbaye. Mais l’ensemble compte plus de membres, cela dépend des morceaux joués.

Depuis combien de temps chantez-vous ?

Reinoud Van Mechelen : Je chante depuis que j’ai dix ans, j’étais dans un cœur d’enfants, mais j’ai pris mes premiers cours de chant alors que j’avais dix-huit ans, donc cela fait vingt ans que je chante et douze ans que je prends des cours. Avant de commencer le chant, vers mes huit ans, je m’étais essayé au trombone, mais je n’en ai jamais bien joué.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers la musique ?

Je suis né dedans, mon oncle est musicien professionnel et avec ma famille c’était une évidence de faire un peu de musique, de chanter dans les cœurs. C’est mon oncle qui m’a poussé a faire chanter et c’était vraiment très amusant. Très jeune j’allais voir des concerts philharmoniques, j’ai toujours été en contact avec cet univers.

Cela a t-il crée plus de liens avec votre oncle ? 

Le mois prochain, je vais enregistrer un album avec celui que j’ai tant écouté étant enfant. Lui il va jouer et moi chanter. Au fil des années notre relation ne s’est pas perdue même si la famille a grandi, avant nous chantions tous ensemble alors qu’aujourd’hui on ne le fait plus car les grands-parents sont trop vieux, mais l’esprit est resté.

Quel est votre parcours dans la musique ?

J’ai fait l’académie à Louvain, ma ville de naissance en Belgique et j’ai fait le conservatoire supérieur à Bruxelles ainsi que des stages en parallèle.

Comment avez-vous choisi le nom de l’ensemble ?

Avec Ana, on cherchait un nom et je voulais éviter de le faire en français, même si on va faire beaucoup de musiques françaises. Je voulais le faire en latin et c’est d’Ana qu’est venue l’idée “Depuis la nuit des temps“, nous l’avons donc traduit en latin, même si c’est pas la traduction la plus juste, mais pour moi, c’était celle qui sonnait le mieux. J’aime beaucoup ce nom, car je trouve que cela va bien avec le type de musique que l’on joue, la musique ancienne.

Comment avez-vous choisi les membres qui composent actuellement A Nocte Temporis ?

C’est par projet que je l’ai fait. Je connaissais déjà Benjamin Alard, nous étions en contact et je savais qu’il jouait très bien de l’orgue et du clavecin, quant à Ronan, je le connaissais aussi, et après cela c’est construit projet par projet.

Vous inspirez-vous de quelqu’un ou d’une œuvre existante ?

Je suis très influencé par plein de choses que j’ai déjà faites. Depuis 10 ans, j’ai fait énormément de musique, avec des gens intéressants et d’autres un peu moins. Parfois on apprend beaucoup dans une production que l’on n’aime pas.

Quelle est la raison qui vous a poussé à venir à Saintes ?

C’est la deuxième fois et j’ai rencontré Stéphane Maciejewski, le directeur artistique, nous nous sommes bien entendus et nous recherchons des occasions de pouvoir donner des concerts. Nous sommes venus au festival avec un programme un peu improbable parce que c’est de la musique totalement inconnue. Et forcément, si un festival comme celui de Saintes nous demande, nous sommes très heureux parce que c’est un festival avec une grande histoire dans lequel, il y a 40-50 ans, de grands hommes de la musique ancienne sont souvent venus ici et viennent toujours d’ailleurs. POur nous c’est donc une très grande occasion de se produire ici.

Avez-vous une idée d’un lieu dans lequel vous pourriez vous produire à nouveau ?

Nous cherchons, on a plusieurs idées d’endroits en France ou à l’étranger et, quand je vois une belle église ou une belle abbaye, cela me donne envie d’y faire de la musique, mais c’n’est pas nous qui décidons, on se laisse guider.

Faites-vous une tournée en France ou dans un autre pays ?

Pas maintenant. Là, c’est un concert isolé. On essaie de grouper le plus possible les concerts. Le travail est génial, c’est très inspirant de voyager mais c’est aussi plein d’incertitudes, car là, c’est grâce a Stéphane que nous nous produisons, si après, dans un autre festival, le directeur ne veut pas de nous, nous n’avons rien. Ce qui est normal. On essaie donc de regrouper les concerts, mais nous sommes soumis à la volonté des programmateurs.

Quel est votre ressenti, avant et après la représentation de ce vendredi 14 juillet ? 

Moi, aujourd’hui, dans une pièce et demie, j’ai lutté, je me suis battu avec ma voix et dans la dernière pièce, cela allait de nouveau. Tout de suite, j’ai senti que le public était avec moi à rigoler et c’était très agréable. J’ai déjà fait le clown dans un autre endroit, mais les gens ne parlaient pas très bien français donc, on a fait le concert à fond, mais, les gens n’étaient pas avec nous, il n’y avait aucun retour, car ils étaient trop loin et donc, là, ça m’a fait plaisir que le public soit avec moi, qu’il ait réagi, même si l’abbaye n’était pas pleine, cela m’a vraiment fait très plaisir que les gens aient cette réaction-là.

Comment voyez-vous votre situation dans 10 ans ?

Je veux continuer. Là, je chantais avec mon ensemble, mais, je joue principalement avec d’autres ensembles, avec d’autres groupes, je veux que cela continue et j’espère qu’avec A nocte Temporis, dans 10 ans, on pourra continuer ce genre de projet.

Vincent Miquel, Tilan Guillon, Sicard Aurélien, Robin Manon