Les instruments parlent aux musiciens, je répète…

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Pieter Nuytten joue du basson avec l’orchestre philharmonique de Rotterdam, il est aussi professeur principal de basson aux conservatoires de Rotterdam et de Gand.

Je suis le basson et le contre basson, je m’appelle bobo. Ça fait maintenant six ans que l’on se connait Pieter et moi. Il m’a commandé en 2007 et je suis arrivé en 2013. Notre relation est essentiellement basée sur « l’amour et la haine ». Pieter me porte dans son coeur bien sûr, mais ce n’est pas tous les jours comme ça… Il imagine souvent la musique dans sa tête ou comment ça doit sonner sauf que moi je lui pose une limite car tous les instruments ont une limite par rapport à leur son, vitesse…

Alors comme vous le voyez parfois je lui viens en aide ou parfois je suis un mur qu’on ne peut pas trancher. Je préfère quand Pieter joue le Sacre du printemps de Stravinsky, les symphonies de Chostakovitch et Mozart aussi. Mais bon « si je continue on est là jusqu’à demain ». Actuellement je plais encore et donne l’envie qu’on me joue. Je peux jouer de tous les styles, le style non classique comme le jazz, de la musique folklorique sauf le style renaissance. Je suis un instrument « médium » tout comme le piano. Ce qui me rend unique dans un orchestre c’est « ma sonorité, qui est d’un côté très plaintif et peut-être sombre et mélancolique et très humoristique de l’autre côté ». Je suis « un véritable clown de l’orchestre ».

Pour me fabriquer, il faut, couper un arbre en Bosnie ou au Canada, on le sélectionne puis avec un marteau on frappe dessus pour voir s’il résonne. Les meilleurs arbres sont sélectionnés, vendus et transportés dans les usines, qui sont pour là plupart du temps situées en Allemagne, on en trouve aussi aux Etats-Unis. Ensuite on me perce pour former les trous. « Il y a peut-être un an de travail pour que l’instrument soit fini ». Nous, les instruments sonnons en fonction de notre taille, c’est ce qui nous rend uniques. Pieter me fait dormir à la maison ou bien dans l’hôtel toujours avec lui. Pour mon bien, il laisse la boîte ouverte pour que je respire. Et contrairement à ce que vous pensez le dimanche c’est concert !

Guillaume, violoniste 

Je suis un ancien violon allemand. « Je n’ai pas de surnom », malheureusement Guillaume ne m’en a pas donné un. La rencontre avec mon propriétaire « c’était, on va dire comme le hasard, qui nous a fait rencontrer » lors d’un concert. Nous étions comme l’un pour l’autre, une évidence. Lui et moi entretenons une très bonne relation « on est un peu comme, on va dire, un couple quoi ». Je me souviens d’une anecdote avec lui, c’était il y a quelque temps mon propriétaire s’est trompé de violon avec un autre violon du même groupe, mais pas du même genre, j’ai failli me retrouver en Angleterre avec un musicien différent.

Alors le collègue de mon propriétaire est revenu à l’aéroport de Bordeaux et ils m’ont échangé avec le bon. Guillaume et moi aimons beaucoup jouer les scènes de film par exemple celle de Tom Hanks et d’Harry Potter, mais nous aimerions beaucoup interpréter Mozart et Beethoven. Mais nous sommes juste là pour remplacer quand il y a un souci « un peu comme une roue de secours ». Sinon, nous jouons beaucoup de musique classique. Pour me fabriquer, il faut environ cinq à six mois, tout dépend. Mes sons sont plus ou moins aigus et graves en fonction de la position de l’archet, des cordes et ce qui nous est demandé « notes noires ou blanches ». Le dimanche, Guillaume répète avec moi sinon nous nous amusons avec les autres musiciens. Pour ce qui est du soir, il m’emmène à l’hôtel et nous dormons dans la même chambre.

Maria, violoniste

Je suis le violon avec Maria, nous jouons avec le JOA. Avec elle j’entretiens une très bonne relation, fusionnelle « c’est comme mon petit ami ». Je suis un violon avec un son très grave et mes mélodies diverses plaisent à ma propriétaire. Maria a commencé à faire du violon pour faire comme sa soeur c’est comme ça que nous nous sommes rencontrés et que nous avons commencé notre histoire d’amour. Parfois on rigole bien ensemble, mais ce n’est pas toujours le cas…

Avec moi, elle peut exprimer tous les sentiments qu’elle veut faire ressortir en jouant de la musique. Une fois, Maria devait faire un concourt malheureusement elle m’a oublié. Toutes les deux aiment beaucoup interpréter le concerto de Mendelssohn, Mozart et aussi les symphonies. Ensemble, on joue de la musique occidentale et un peu de jazz. On aime bien aussi la salsa, mais ce n’est pas ce qu’on préfère. Mon son particulier me différencie des autres instruments dans un orchestre. Maria arrive à faire varier mes sons avec son archet qu’elle manipule avec sa main droite. Maria m’emmène partout où elle va, par exemple aux toilettes ou bien en voyage. Au moment de dormir, elle ne me prend pas dans son lit, mais je reste tout de même à côté.

Elona et Léa