Comment une partition devient un tube

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« Et tu chantes, danses jusqu’au bout de la nuit, tes flashes en musique funky ». Une mélodie simple, une musique entraînante et des paroles quasi inexistantes, voici dans les grandes lignes la recette magique pour faire un tube. Tout le monde connait ou reconnait les mélodies aux premières notes souvent, pour l’avoir trop entendu, trop chanté, trop détesté, en plusieurs siècles, certains morceaux sont devenus des tubes et d’autres pas… Il peut donc être difficile de déterminer pourquoi une mélodie devient un tube. Alors, comment l’expliquer ? Comment une partition devient-elle un tube ? Les publicités et les bandes originales de films sont-elles des moyens pour populariser voire vulgariser ces morceaux ? Ou au contraire, ne faut-il pas sensibiliser le public dès le plus jeune âge ?

Comment est-ce qu’une partition devient un tube ?

Angélina Holzhofer, violoniste : Il faut que la musique plaise aux musiciens pour qu’ils puissent l’interpréter de manière convaincante, que le public adhère et que cela corresponde à l’esprit du temps.

Michaël Chanu, contrebassiste : Il existe différents ingrédients : une structure, beaucoup de rythme et des mélodies qui restent en tête. C’est juste du génie de pouvoir mêler tous ces ingrédients, à la fois rythmique et mélodique.

Clémence, comédienne : Une partition, qu’elle soit bonne ou mauvaise, du moment qu’on l’entend plusieurs fois dans la journée et dans des lieux différents, elle se fait une place dans le cerveau.

Pierre-Guy, baryton : Parfois, il peut être difficile de déterminer pourquoi une chanson devient un tube. Par exemple, Mozart est toujours très aimé, on peut entendre sa musique partout, mais certains compositeurs sont un peu trop utilisés à mon avis [rires…] comme Beethoven. Chaque chanson a sa particularité après pourquoi certaines restent dans la tête plus que d’autres…Ça, c’est un mystère pour moi…

La publicité participe t-elle au renouveau de la musique classique?

M : Ce n’est pas le meilleur moyen pour faire connaître la musique classique parce qu’elle est associée automatiquement à un produit et ce n’est pas sain, selon moi. Le spectateur va associer la musique à la marque et non au compositeur. Il y a d’autres moyens de vulgariser la musique classique : l’éducation, les concerts, les interventions dans les écoles de musiciens professionnels… Il faut essayer d’ouvrir l’intérêt des gens pour la musique classique et qu’ils soient plus curieux.

P-G : En utilisant des airs « connus » et en s’appropriant les mélodies, ils essayent de nous procurer des émotions. Ça marche bien dans les jingles.

Est-ce que ces airs nous plaisent parce qu’ils sont utilisés dans les publicités ou sont-ils utilisés par les publicitaires parce qu’ils nous plaisent ?

A : C’est difficile, mais je pense que les 2 sens sont possibles. La publicité se sert des tubes, mais la publicité peut aussi faire qu’une chanson devienne un tube. La majorité du public fait connaissance avec la musique classique via la publicité.

P-G : Les publicitaires les utilisent parce qu’elles nous plaisent. Pour quelqu’un comme moi qui est musicien depuis l’âge de 10 ans, c’est différent puisque je connais tout le répertoire classique. Mais pour les novices, leur apprentissage de la musique classique se fait par les publicités et les animations. Par exemple, beaucoup d’Américains font connaissance avec la musique classique à travers les dessins animés et continuent cet apprentissage une fois adulte. Ils reconnaissent ensuite ces airs à la télévision, dans des films célèbres ou dans les publicités. Ces influences peuvent être issues de plusieurs milieux. C’est plus la popularité des chansons que l’effet de la musique elle-même.

Comment les musiques de films permettent à ces morceaux de perdurer et de s’inscrire dans les mémoires collectives ?

A : Il faut que la bande originale soit bien sinon le film ne va pas rester dans les mémoires. L’un va avec l’autre, l’un va également pousser l’autre.

M : Tout d’abord par des compositeurs incroyables de musiques de film comme John Williams qui s’inspire beaucoup de musiques classiques, dont Richard Wagner, Claude Debussy, Maurice Ravel ou Gustav Mahler. Ils ont le génie de mettre la musique au service de l’image. C’est vraiment un art, la musique de film.

C : Je pense qu’on peut projeter une image grâce au film et sa musique, par exemple Titanic et Céline Dion. La mémoire visuelle et la mémoire sonore fonctionnement mieux que seulement la mémoire sonore. [rires]

P : La plupart du temps, c’est grâce à la répétition. Les plus grands classiques de la musique sont des répétitions de mélodies. Si on prend par exemple Apocalypse Now, on ne peut s’empêcher de penser à La Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner. Il y a une liste sans fin d’exemples de chansons choisies pour avoir un certain effet et pour rendre des scènes plus mémorables. Ça peut aussi être de nouvelles musiques comme Star Wars. Tout le monde connaît les premières notes de la bande originale. Vous savez directement d’où cette mélodie provient.

Les ingrédients d’un tube sont connus, que la recette laisse un goût amer ou sucré, l’essentiel est dans l’assaisonnement.

Ines Tourdot