Nevermind, du mal-être au travail au bonheur du concert

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Une bouteille de rosé, quelques blagues et comme le dit Robin Pharo, le début d’une « table ronde baroque ». Après leur concert, ce lundi 15 juillet, l’ensemble Nevermind et leurs amis discutent autour d’une table. Les membres du groupe se sont rencontrés alors qu’ils étaient au Conservatoire de Paris (CNSMDP, Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris). La complicité de Louis Creac’h (violon), Anna Besson (flûte), Robin Pharo (viole de gambe) et Jean Rondeau (clavecin) transparaît. C’est d’ailleurs la raison principale de leur formation. Ils ont décidé de former un quatuor « car le courant passait bien ».

Leur quatuor, selon eux, se distingue des autres car ses membres ne changent pas. Beaucoup d’autres ensembles sont « à géométrie variable », un modèle qui règne en musique ancienne. Le quatuor est une formation particulière. La façon de travailler et les réflexes sont différents de la musique en orchestre. Pour Anna Besson et Louis Creac’h, « l’orchestre et la musique de chambre sont complémentaires ». Il faut trouver « un équilibre entre les deux » et ne pas en délaisser un.

Le critère principal dans le choix des compositions est l’adaptation aux instruments. Nevermind a une période de prédilection. « Au 19e siècle, le clavecin et la viole s’absentent et au 18e, il y a très peu de flûtes ». Ils sont donc « cantonnés au 18e et à la fin du 17e ». La plupart des œuvres qu’ils interprètent ne sont pas composées pour leur formation. Parfois les indications sont insuffisantes ou contradictoires. Ces artistes adaptent donc les morceaux tout en restant fidèles à l’œuvre d’origine. Ils se demandent « si rajouter des nuances, des dynamiques, s’appelle rester fidèle ». Ils jouent parfois à l’unisson des œuvres initialement écrites différemment. Ils trouvent intéressant de comparer ensuite leur travail.

L’ensemble joue aussi de la musique contemporaine. Comme dans La Harpe de David, une composition originale écrite par Philippe Hersant – raison de leur présence au festival. Cette œuvre a une histoire particulière, un peu chaotique. En 2017, alors qu’ils jouent à Saintes, ils rencontrent Marc Binnié, cofondateur de l’association Apesa venant en aide aux entrepreneurs en difficulté. L’homme se dit prêt à financer une composition contemporaine. La Harpe de David est une référence biblique à la harpe magique qui aide à soigner les maux de Saül. Passée par les mains de Philippe Hersant, la création devient une allégorie du mal-être et de la pénibilité au travail. Mais « après avoir mis en œuvre un budget et avoir travaillé, Marc Binnié nous a lâchés » explique Anna Besson. Mais le compositeur comme les musiciens respecteront le cahier des charges initial.

La musique a un rôle thérapeutique, Nevermind en est convaincu, « elle adoucit les mœurs et soigne même le Parkinson ». « Faites de la musique, pas la guerre » souligne Jean Rondeau sur le ton de l’humour. Les artistes sont également touchés de voir que les spectateurs sont émus par le fait « de voir un genre de conversation ». Ce sentiment a été confirmé par les applaudissements chaleureux du public de l’abbatiale à la fin de la représentation.

Calista et Eden